Allô communauté Culture d’Empathie, (ceci est la transcription de la capsule audio ci-dessus)
Je suis toujours surpris et impressionné par l’action directe non-violente; sa force et son efficacité. Récemment, il y a eu des super beaux exemples de campagnes et tactiques d’action directe non-violente extrêmement connectantes, effectives et puissantes.
J’aimerais premièrement célébrer le fait que le gouvernement du Québec a retiré la loi projet de loi 97 qui voulait changer le régime forestier d’une manière extrêmement nuisible pour l’accès du public, le droit de manifester, pour la biodiversité, pour les droits et la souveraineté autochtones. C’était vraiment négatif pour tout le monde, excepté pour une partie de l’industrie forestière. L’industrie, d’ailleurs, qui ne profitent pas tant que ça au Québec et aux travailleurs, mais qui profitent beaucoup à quelques grandes multinationales. (Voir les reportages de Frédérik Grégoire sur cela)
Alors, tout l’été, il y a eu une grande mobilisation de la société civile, des organismes environnementaux et surtout des gardiens du territoire, les communautés autochtones, les personnes qui sont sur le territoire depuis des millénaires. Ils se sont mobilisés, beaucoup les Atikamekw, les Innus, les Anishinabés…certains se sont mobilisés avec un regroupement qui s’appelle MAMO (ensemble) et défend les droits ancestraux autochtones.
Les gardiens et gardiennes ( car ce sont des femmes et hommes) du territoire, on pourrait dire d’une façon générale, ce sont des gens qui ont un lien profond et culturel avec le territoire et qui travaillent à le protéger activement. Et cet été, il y a eu des grandes mobilisations. Moi, je vais parler surtout des Atikamekw, dans le secteur Latuque, de Weimontachi et Manawan. Il y a eu contrôles routiers pour empêcher les machines de continuer à couper, demander aux compagnies forestières de se retirer du territoire non cédé Atikamekw. Toujours, ils l’ont fait d’une manière extrêmement stratégique. C’est-à-dire qu’ils ont fait des barrages et contrôles, ils ont empêché des machineries de rentrer, ils en ont fait sortir, ils ont parlé avec les représentants de compagnies forestières sur le terrain, leur demandant de quitter, ils ont fait des communiqués de presse; ils ont utilisé plusieurs stratégies qu’on appelle l’arsenal actif des actions non violentes. Tout en restant pro-actif, ils n’ont attaqué verbalement, personnellement ou physiquement sur le terrain des gens opposants leurs vues. Même si ces Gardiennes, iels ont passé l’été à se faire menacer, à se faire insulter; il y a eu beaucoup, une panoplie, des milliers de commentaires racistes, écrits et verbaux. Ça a été filmé d’ailleurs, des provocations de personnes qui venaient tenter de faire craquer les Gardiens du Territoire pour leur faire faire un geste violent. Comme ça, tout de suite, on pourrait les discréditer. Ça aurait pris juste un geste violent d’un Gardien du territoire ou de quelqu’un qui les supportait, parce qu’il y a beaucoup de gens allochtones qui sont allés les supporter. Heureusement, (tous et toutes) ils ont suivi les demandes des gardiens et des gardiennes du territoire, des anciens, des aînés; de ne pas utiliser la violence comme stratégie.
Pourquoi pas ? Juste par philosophie ? On peut connaître la philosophie non-violente, c’est une très belle philosophie, on peut apprécier ces valeurs-là et c’est super. Mais dans l’action, qu’on voit la force et l’efficience.Si les gens avaient répliqué avec de la violence, répliqué à des insultes cela aurait nuit à la lutte. Même qu’ils se sont fait pousser par des pick-ups, parfois les pick-ups avançaient, puis il fallait qu’ils se tiennent quasiment au pick-up pour ne pas se faire écraser, ou en tout cas qu’ils reculent lentemen. Ils se sont fait dire « Ah oui,frappe-moi,frappe-moi » par des gens de l’industrie forestière. Pourquoi? Parce que ça aurait été facile après ça de les discréditer. Ils étaient prêts. Ils n’ont pas répliqué à ça. Ils ont toujours retourné la haine et la colère à la personne à qui ça appartenait. Ils leur disaient souvent “Hey, ce n’est pas à moi que tu as besoin d’être frustré. Ici, c’est notre territoire ancestral. C’est au gouvernement du Québec qui est en train de continuer à faire de la colonisation et de faire de l’exploitation abusive ressources et de ne pas respecter les droits des humains; allochtones et autochtones.”
On a le droit d’avoir accès au territoire.
On a le droit de vouloir que la biodiversité survive sur le territoire dans lequel on habite.
On a le droit de vouloir protéger l’eau.
Alors, ils ont retourné toute cette violence-là, en disant ( rapport synthérisé de l’auteur) “C’est qui, qui a proposé la loi 97? Est-ce que c’est nous ou est-ce que c’est le gouvernement du Québec ? C’est qui depuis 500 ans qui exploite la forêt sans avoir le consentement des nations autochtones? C’est pas nous, c’est le gouvernement, ce sont les représentants du gouvernement provincial et fédéral qui ne prennent pas leurs responsabilités.”
Bien sûr, on dit que c’est pour protéger les emplois forestiers. On comprend ça, on ne veut pas que personne souffre. Et c’est au gouvernement, quand il parle d’une modernisation du régime forestier, c’est de le changer. c’est d’arrêter d’envoyer des machines qui détruisent le territoire; des machines immenses qui scarifient, qui changent totalement le sol, qui font des coupes à blanc excessives. Nous devons revenir à une foresterie plus respectueuse.C’est ça que les gardiens du territoire ont voulu depuis le début. Et leur stratégie a fonctionné. Ça l’a fait plier le gouvernement. À un moment donné, même les travailleurs forestiers ont arrêté de se battre contre les Gardiens et ont retourné leur ressentiment et leur insatisfaction vers le gouvernement pour leur dire « Hey, finalement, c’est vrai,ce ne sont pas les Autochtones qui sont responsables de ça. C’est le régime forestier qui ne marche pas, qui n’est pas soutenable.» Quelle belle victoire. Il va falloir rester sur ses gardes pour voir ce que le gouvernement va proposer après, mais quelle belle victoire pour La Vie et aussi une réussite concrète d’une campagne nonviolente bien préparée et orchestrée avec un leadership.
Deuxièmement, vous avez peut-être entendu parler de la Flottille Sumud (persévérance en arabe). 50 bateaux qui sont partis surtout de l’Italie pour aller vers Gaza avec de la nourriture, des médicaments, etc.
Encore une fois, une action positive, une action concrète, pas juste des mots, pas des pouces sur Facebook, pas plus de petits textes, même pas un podcast comme je suis en train de faire là, mais bien une action.
Une action concrète d’embarquer sur des bateaux et de dire: “on n’en fait pas assez pour arrêter ce massacre, nous, on va aller leur porter la nourriture”. Ce n’est pas qu’il n’y a personne qui ne fait rien, il y a plein d’organismes, il y a beaucoup d’instances qui tentent de faire de quoi, mais pas assez devant ce massacre, je m’inclus là-dedans. Surtout les gouvernements nationaux, pas assez. Le Canada, pas assez. Alors des gens, 500 personnes de 50 pays sur 50 bateaux sont allés sont allés vers Gaza. La plupart des bateaux ont été arrêtés de façon illégale par Israël sur des eaux internationales. Mais c’était une situation qu’on appelle dans la non-violence “win-win”. S’ils avaient réussi à aller porter la nourriture et les médicaments, ça aurait été une victoire, on va aider ces gens-là qui sont dans le besoin. S’ils se front arrêter c’est quand même une victoire car, le fait qu’ils se font arrêter en chemin de façon illégale, de façon tellement flagrante de nier le droit aux aliments et médicaments, c’est un signe d’un manque de compassion et de jugement par le l’IDF.
Dans ces bateaux, il n’y a pas une seule arme. Il y a juste des gens qui veulent aller porter de la nourriture et des médicaments. Pensez-y, de la nourriture et des médicaments, et on les empêche. Puis on les traite comme des terroristes. Alors ça aussi, ça a fait des grosses vagues. Moi, je pense que ça rajoute la pression sur les pays d’être plus musclés dans leur message envers Israel. Dans cette action, quand on voit des citoyens qui donnent leur argent, leur temps, j’imagine que tous ces bateaux-là peut-être vont être détruits par Israël. Ce sont des centaines de milliers, des millions de dollars de matériel qui a été “sacrifié” pour cette action-là. C’était une situation qu’on appelle win-win, gagnante-gagnante malgré tout.Que tu réussisses à faire ce que tu voulais faire ou que tu te fasses arrêter et que le parti qui t’a arrêté démontre un manque de compassion flagrante, ça fait réfléchir.
Une partie des raisons des actions non-violentes, c’est de faire réfléchir, de conscientiser, de faire avancer la conscience et la compassion pour les gens. Alors, je félicite ces deux campagnes d’actions directes non violentes.
Il y en a une troisième, dont je pourrais dire quelques mots, dans laquelle je suis impliquée. Je fais partie d’un comité dans ma région, où l’on est dans les premières étapes de pouvoir protéger plusieurs centaines d’acres d’une forêt qui aurait pu être vendue au privé, mais qu’on va réussir, grâce en autre à notre travail depuis un an et demi; de communication, de garder des relations harmonieuses avec la municipalité et de faire des actions. On a réussi à faire une première étape vers une acceptation de ce projet qui va protéger, à perpétuité, plusieurs centaines d’acres, de forêts, de montagnes et plusieurs km de bord de rivière.
Je crois vraiment à la nonviolence, à l’action directe non-violente; il faut s’outiller, il faut apprendre comment le faire. Ça ne veut pas dire que la violence n’existe pas. Au contraire, elle existe. On la voit partout. Et la passivité est aussi une forme de vioence. La nonviolence veut dire qu’on agit avec un outil différent, un moyen autre, pour ne pas augmenter la violence et surtout pour être efficace. Si ce n’était pas efficace ces techniques là, personne ne les feraient. Mais elles sont efficaces. Il faut les connaître. Il faut les utiliser de manière intégrale. Je vous invite à étudier la manière de monter des campagnes d’actions nonviolentes.
Voici quelques références:
Lors de la Retraite d’été C-E - nous étudions ensemble la nonviolence avec soi, en relation et aussi dans le cadre de projets, campagnes etc… bienvenue à toi !
Cet hiver j’animerai une retraite en ligne en anglais s'intitulant - Engaging Nonviolence avec Pace et Bene, écris-moi un courriel si tu veux être averti lorsque les inscriptions seront ouvertes.
Des fiches techniques sur comment organiser des actions nonviolentes: https://www.nonviolence.ca/boite-a-outils - ( je suis membre du CA du CRNV, tu peux me poser des questions sur ces fiches au besoin)
Voici le site de la Force de la non-violence - pleine de ressources ! Merci à mon amie Célia Grincourt
et tellement plus !!!
Ces outils sont précieux et sous-estimés, merci de faire partie de cette communauté qui valorise ces moyens et manière d’être. Je suis content de lire vos commentaires !











