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Construire des ponts dans un monde qui s'effrite

Tellement d'encre coule ces temps-ci sur la situation politique et sociale autour du contexte Covid que je vais tenter de ne pas répéter les mêmes idées, mais plutôt offrir quelques pistes de réflexion qui je l'espère vous inspireront à agir à votre manière, dans une époque où les forces de la division sont si puissantes et où l'on a besoin plus que jamais, de personnes prêtes à agir avec courage, dignité et respect – dans une approche de nonviolence – sans intention de punir, de blesser, de rabaisser l'autre – dans une intention de construire des ponts avec des alliés de longue date et peut-être de nouveaux, vers un nouveau paradigme de respect de la vie sous toutes ses formes. J'espère lire vos commentaires ci-dessous dans la boîte de commentaires plutôt que par courriel svp. Merci !

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Il a quelques jours mon ami Renaud m'envoie un texto: “ Est-ce qu'on peut parler un peu...quelle étrange époque nous vivons...”. La plupart d'entre nous sentons profondément la fragilité de la structure sociale et politique de notre société présentement. On a l'impression de vivre dans une fiction de la réalité. J'ai entendu récemment des gens parler de dystopie: “Une dystopie, également appelée contre-utopie, est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur...” N'est-ce pas un peu ce que l'on touche présentement ? Il semble que chaque personne pour différentes raisons touche ses limites d'adaptation et d'acceptation de ce qui nous est proposé, demandé et imposé par différents acteurs de la société. Un réel clash est vécu dans notre tissu social.

Dans les deux dernières années de plus en plus en de personnes remettent en question (encore plus qu'avant on dirait) les stratégies de domination des politiciens, des médias, des entreprises et de certains groupes. Les institutions sont encore fermement campées dans le statu quo du vieux paradigme de l'humanité qui se base sur la domination ; exploitation nord-sud, l'extractivisme de notre terre et l'effritement du tissu social au profit d'une société de consommation et d'une minorité d'humain pour en dire peu. Dans cette histoire, ceux détenant les privilèges (les richesses et ressources de manière disproportionnées) tiennent à ce que la population continue à croire à cette histoire de succès de nos sociétés industrielles ! Mais cette vision de société s'effrite de plus en plus, de moins en moins de personnes y croient et on dirait que présentement les choses s'accélèrent. Les voiles tombent. Cette histoire de domination n'offre plus d'inspiration et de sens aux personnes et principalement aux jeunes qui cherchent un sens et des actions concrètes pour sentir l'espoir et leur importance. Ces jeunes veulent savoir que nous sommes prêts à changer de cap pour leur survie et leur vie.


Premièrement, avant de rentrer dans le sujet, ceci me paraît de la première importance, je propose regarder ce qui se passe en ce moment avec curiosité au lieu de tomber immédiatement dans les jugements unilatéraux comme le font le premier ministre et d'autres politiciens, certains médias ou certains protestataires qui sont violents dans leur propos. Ces deux positions, sont à des extrêmes et en même temps se rejoignent. Elles sont faciles aussi. C'est le bon vieux blâme. J'aimerais tenter d'apprendre quelque chose de ce qui se passe, grandir et servir le bien commun, cette vieille histoire des bons et méchants que colportent les médias et les gouvernements ne m'intéresse plus...et vous ?

Ce mouvement dur à étiquetter rejoint plusieurs citoyens

 

Dans la vieille histoire de gauche ou de droite, la fin justifie les moyens. Selon tous les partis politiques, la fin justifie les moyens. Je nous invite à consciemment sortir de cette croyance. À vivre chaque jour dès maintenant dans chaque sphère de nos vies à renverser totalement cette logique.

Les manifestations au Canada

Nous avons vu de larges et multiples manifestations s'opposant aux mesures sanitaires, mais surtout autour du passeport vaccinal et de la vaccination obligatoire. Et
dernièrement la réponse politique et aussi de la police pour démanteler ces manifestations.
Le gouvernement a rapidement pris une posture paternaliste et condescendante avec les protestataires et toutes personnes osant remettre en question les politiques officielles.

Si l'on parle du mouvement (et non des leaders, on y reviendra plus tard) de contestation, ce n'est pas exclusivement des gens de droite, ni de gauche: c'est un mouvement qui regroupe une panoplie de personnes de différentes origines, croyances et provenances. Nous avons vu de tout ; des pancartes pour les pipelines, une cérémonie autochtone, des familles, des Sihks servir des repas gratuits... Ce sont des personnes qui remettent en question le système tel qu'il est et c'est ce qui réunit cet étrange mouvement.

Malgré beaucoup de critiques, je crois que ceux qui supportent ce mouvement ont de multiples raisons de le faire, certaines discutables. Mais une chose me paraît assez claire, c'est que le courage d'agir et de s'opposer clairement face à des mesures excessives rejoint plusieurs personnes. C'est ce courage, de nommer notre droit à la liberté, au choix pour notre corps, qui inspire plusieurs dans la foule. Ceci n'excuse en rien des personnes ayant des comportements oppressants ou violents par contre et l'importance d'y faire face. On ne se bat pas contre l'oppression pour en opprimer d'autres !

Nous savons que certains manifestants proviennent de milieux conservateurs, de droite et parfois mêmes racistes ou misogynes. Il faut faire face sans hésitation à ces positions oppressantes pour montrer nos limites et nos valeurs. Mais au lieu d'avoir le réflexe habituel de rejeter catégoriquement ces personnes qui ne pensent pas comme nous, je me demande si on peut essayer autre chose... pour avoir un résultat différent que des divisions habituelles qui servent le statu quo.

(Dualité gauche-droite comme seule perspective)

Je crois que l'on peut agir courageusement, nommer les problèmes, les gestes et paroles oppressants, nos différents, dans une optique de garder le canal de communication ouvert, de garder le lien, c'est un moyen d'apporter un changement. Sera-t-on reçu ? On ne sait pas si on essaye pas. Sinon l'on se retranche dans son campement et la vieille histoire de la dualité continue...

J'avance ici avec une idée, un peu comme un funanbule, la ligne est mince et risquée... je me permets dans cette époque de perte de repères et d'inconnu d'apporter une autre approche: Pouvons-nous travailler ensemble pour un principe commun comme la liberté ; avec des personnes ayant des croyances différentes ? Peut-on être assez courageux pour dire oui, je marche avec toi et peut-on discuter de « respect, d'inclusion, de diversité, de biodiversité? » Peut-on nommer : «  par exemple ceci ne fait pas de sens pour moi et voici pourquoi...et toi tu penses quoi de cela ? ». Peut-on tenter de trouver ce qui nous réunit ici dans cette lutte au lieu de toujours trouver ce qui nous sépare ? Partir de ce point pour créer la connexion, une relation et peut-être faire évoluer nos pensées et croyances ?

 Cette attitude de curiosité, d'amour radical, est peut-être un moyen de sortir de la vieille histoire de la dualité. Le gouvernement, ne le fera pas ! Ils en sont incapables avec les présentes règles du jeu politique et se servent même de ces stratégies d'insultes et de dénigrement contre les citoyens. Je me dis :"pourquoi jouerions-nous ce même jeu qu'eux ? " Un afro-américain que je respecte beaucoup entame des dialogues avec des suprémacistes blancs et il gagne des amis, des cœurs, un par un, personne par personne, dans sa quête pour l'égalité et le respect. C'est ce que j'appelle l'amour radical. Gandhi et William Commanda ont fait de même.

Comme le l'image ci-dessus, il est important de connaître nos limites, nos balises pour rester en sécurité et garder son intégrité physique et mentale ! Jamais la nonviolence ne demande à quelqu'un de se faire mal, d'être blessé physiquement ou émotionnellement sans réaction. Au contraire, la nonviolence nous enseigne à  protéger la vie des autres aussi précieusement que la nôtre ! Et donc à ne pas se faire bouffer comme une souris sans réagir !  C'est peut-être plus une situation de pacifisme que de nonviolence qui avance vers le conflit au lieu de l'éviter ou de s'écraser. Cet amour radical nous amène à confronter des personnes ayant des croyances différentes et/ou des propos oppressants sans intention de se venger sur eux, mais plutôt à amener leur adhésion à long terme à un mouvement d'interconnexion et de respect.

Par exemple, la semaine dernière dans un rassemblement; j'ai échangé avec quelqu'un qui portait un drapeau américain et proposait que le Québec s'annexe aux États-Unis en réponse à la crise sociale et politique. J'ai discuté avec lui, je lui posé des questions, lui aussi, et il a écouté mon point de vue assez différent l'un de l'autre. Quelque chose me dit qu'on ne peut plus se camper dans notre « in group », qu'on ne peut plus se permettre de rester parmi les personnes ayant une opinion similaire...peut-être que nous avons tous et toutes besoin des uns les autres pour sortir de cette vieille histoire de dualité, d'exploitation et rentrer en relation...entre nous et avec tout le vivant. Peut-on se permettre d'exclure quiconque; les gens de droite, les personnes des milieux ruraux, les « rednecks » s'il l'on veut renverser le capitalisme sauvage, l'extractivisme, la destruction des écosystèmes et l'establishment politique ? Comment faire évoluer les consciences si l'on refuse le dialogue avec des concitoyens qui sont des « opposants » sur certaines questions ? Ne sommes-nous pas tous dans le même bateau...

Est-ce possible que les entreprises et les gouvernements profitent des divisions idéologiques ? Peut-être est-ce le temps d'apprendre ensemble hors institutions et hors division politique et idéologique à réinventer l'humanité ensemble ?

Dans un sens je crois que nous sommes en train d'être témoin d'un effritement de cette vision gauche droite, tellement dualiste qui sert à garder la population divisée. Nous ne pouvons nous contenter de remettre en question le système, nous devons continuer à mettre de l'avant nos projets et initiatives inclusifs, bienveillants et nonviolents et exiger ce type de leadership. Nous ne pouvons laisser un mouvement ayant des objectifs légitimes : Fin de l'état d'urgence et du passeport vaccinal et liberté de vaccination d'être mené par des personnes ayant des moyens violents, intimidateurs ou discriminatoires. Nous avons besoin de personnes et de collectifs ayant une vision sociétaire et culturelle inspirante pour aujourd'hui et l'avenir.

Honorer ceux ayant marché avant nous

(Buste de Gandhi à Québec - La NV est partout et possible)


Honorons et inspirons-nous des groupes et individus qui luttent depuis des temps immémoriaux pour la dignité des humains et de la terre. Voici une liste non-exhaustive de groupes et personne mettant de l'avant la nonviolence et pouvant nous inspirer pour les présentes luttes: Les premières nations d'Amérique du Nord, Centrale et du Sud, des groupes de femmes, des groupes luttant contre le racisme et l'égalité de tous êtres humains, des groupes luttant contre la pauvreté, certains groupes environnementaux qui depuis des années organisent des populations pour protéger des territoires et des modes de vie, des mouvements de jeunes et d'étudiants, des artistes, des activistes, militants, organisateurs communautaires, des intellectuels et tellement plus... Certains individus sages de ces groupes peuvent servir de guides pour les mouvements de contestation présents. Pensons ici au Québec à William Commanda, An Anatane Kapesh, Dominique Boisvert, Serge Mongeau, Françoise David pour n'en nommer que quelques-unes-uns.

Nous avons besoin de guides, d'exemples pour agir dans le respect, l'empathie et la nonviolence. Nous ne pouvons suivre des politiques ou des leaders de mouvements qui malgré de belles intentions usent de stratégies d'intimidation, mais nous pouvons tenter d'entrer en dialogue avec eux.

C'est notre rôle, non pas de protéger seulement les privilèges de personnes blanches de classe moyenne, mais de protéger la Vie et la dignité de toutes formes de vie.

Parlons de liberté !

Peut-on commencer à parler de « liberté » dans une optique plus grande, la liberté – OUI – mais pourquoi ? Peut-on parler d'une liberté utilisée pour assurer la sécurité et le bien-être de tous les êtres sur terre ? La liberté est un droit et un privilège que nous devons utiliser non pas pour nos simples plaisirs de consommateurs, nous pouvons ( et devons pour nos enfants) utiliser notre liberté, celle pour laquelle nous luttons si fortement, pour co-créer un monde plus juste pour tous, un monde plus luxuriant de forêts vertes, d'eau propre, d'air pure, de nourriture abondante pour tous, de justice, de respect. Oui la liberté...la liberté pour redonner et rendre les vies de chaque être humain, de chaque écosystème, de chaque animal – encore plus merveilleuse qu'avant. La liberté OUI – pour avoir l'inspiration, la force et le courage pour sortir du Statu Quo dans lequel nous sommes habitués, dans lequel nous sommes endormis, et que nous avons tacitement accepté. Et si ce Covid servait à révéler l'humain, pour sortir de la situation écosytémique inquiétante de la terre. Et s'il pouvait servir à nous unir, plutôt qu'à toujours trouver les choses qui nous divisent ?

Peut-on travailler ensemble pour apprendre à se respecter peu importe nos croyances politiques, spirituelles, culturelles ou de santé ? Peut-on s'éduquer et développer ensemble une révérence et des stratégies de protection pour notre Terre Mère et pour tous ses habitants. Peut-on apprendre ensemble à mieux honorer et respecter les peuples autochtones, les personnes racisées, les femmes, les personnes marginalisées... ?

Le chemin devant nous

Présentement, l'humanité peine à trouver le chemin pour assurer sa survie et un épanouissement. Cet époque étrange est peut-être une craque dans le béton (de société et de notre psyché) dont nous avions besoin...utilisons donc ces ingrédients de cette époque, cet effritement tellement évident des narratifs de contrôle des gouvernements, médias et des corporations, pour tenter de créer des alliances, des rapprochements entre humains. Est-ce possible que ce chemin qui se dévoile de façon inattendue nous offre la possibilité d'aller au-delà des étiquettes de gauche, droite, libéral, conservateur, stupide, intelligent, conspirateur, non-conspirateur, noir, blanc, canadien, québécois, vacciné, non-vacciné ? Les étiquettes divisent plus que jamais et qui en profite...est-ce nous ? Qui profite de la division et de l'isolement des humains... les vendeurs de divertissements, ce qui nous fait oublier notre déconnexion de la terre et entre humains.

Saisissons le moment pour ouvrir les cœurs et les consciences au plus haut potentiel possible de tous les humains et de toute l'humanité. Je ne crois pas que ce sera la science nous sauvera, elle peut nous aider et être un bel outil d'appoint. Mais réellement, ce sera notre sagesse et notre amour qui ont le plus grand potentiel pour sortir de cette dystopie et simplement rentrer dans le réel. Créons et partageons les projets dont l'humanité a besoin pour les prochaines étapes de cette aventure humaine. Créons des dialogues avec les personnes autour de nous. Quelle époque étrange et excitante!

J'espère lire vos commentaires ci-dessous dans la boîte de commentaires plutôt que par courriel svp. Merci !

Courage – Soqerimowin (courage en Atiikamekws)

Colin Perreault Shniper

www.culturedempathie.org

culturedempathie@gmail.com

quelques notes :

- Je viens de lire un livre1 récemment qui explique que les arbres, les plantes, les insectes, les champignons ne sont pas en compétition dans la forêt, mais beaucoup plus en collaboration, en interdépendance. L'humain dans sa folie de domination a même imaginée que les végétaux sont en compétition, dans une situation de domination, et c'est faux, les Premières Nations le savent et le disent depuis des millénaires...pour plusieurs une étude universitaire profonde est nécessaire pour le croire.

Finding the Mother Tree de Suzanne Simard – Professeure émérite à UBC

- Quelques politiciens, osent prendre la parole contre les paroles divises et les stratégies de division ( peut-être pour aller chercher ou gagner des votes...). Cette semaine Joël Lightbound du partie Libéral et Raquel Dancho du partie Conservateur ont enfin osés nommer à quel point des stratégies de division et d'insultes ne mènent à rien et au contraire ne font que révolter de plus en en plus de personnes. Mais réellement le changement ne viendra pas je crois de la politique institutionnelle provinciale ou fédérale. Ces institutions ont perdu une grande part de légitimité dans les dernières années. Tous partis confondus, je ne crois plus à la politique. Je ne voterai plus dans ce système corrompu par l'égo et le capitalisme, et par ses propres règles qui ne font que le premier objectif pour tout partie au lendemain de son élection, est... sa réélection et non le bien commun en premier. Vous pouvez d'ailleurs lire mon texte précédent sur mon site www.culturedempathie.org « la fin du parlementarisme » où j'offre des éléments de réflexion sur des chemins possibles pour une démocratie réinventée.

Une chanson + vidéo qui me fait sourire et me fait du vien - vous aussi j'espère.

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